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Gestion globale d’exploitation Objectif client, conserver le patrimoine

Les mutations attendues en agriculture devraient favoriser les interactions entre les agriculteurs prestataires de services et les chefs d’exploitation qui n’ont pas de repreneur mais souhaitent conserver l’activité agricole. Le développement de ce modèle s’accompagnera d’une nécessaire formalisation des échanges.

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Les entreprises de travaux agricoles devraient se développer au regard des mutations attendues dans le secteur. (© DR)

De plus en plus d’agriculteurs délèguent une partie de leurs travaux. De plus en plus d’exploitations se retrouvent avec à leur tête, un propriétaire déjà en activité et/ou peu enclin à se lancer dans le métier. Certains prennent donc leurs dispositions pour répondre à ces besoins. Une étude prospective à dix ans du CerFrance Alliance Centre a montré trois axes de développement possible pour les entreprises agricoles. La logique industrielle pour commencer répond à une recherche de productivité et de rentabilité de l’activité. La pluri-activité, elle, consiste à développer un atelier complémentaire à l’exploitation. Enfin, la troisième voie se caractérise par un fort attachement au patrimoine. Dans ce cas, la volonté de conserver l’exploitation dans le cercle familial prime. Il s’agit d’une « entreprise sentiment placement ».
« Généralement, précise Adrien Lepage, conseiller d’entreprise sur le marché agricole au CerFrance Alliance Centre, il s’agit d’entreprises de taille insuffisante pour rémunérer un temps plein, voire un mi-temps. En l’absence de repreneur et dans l’incapacité de s’en occuper personnellement, le chef d’exploitation doit trouver un professionnel capable d’assurer la gestion globale de l’activité. »

L’agriculture par délégation

Dans un récent rapport, le Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture faisait le même constat. « En France, la taille des structures constituera probablement un frein au développement de tels équipements [faisant référence au matériel utilisé par les agriculteurs américains, Ndlr]. Les agriculteurs pourraient s’adapter à cette situation par des formes d’organisation du travail innovantes, conduisant à un très fort développement des entreprises de travaux agricoles […]. Le recours à des prestataires de services en agriculture […] pourrait se développer très fortement allant jusqu’à des formes d’ "agriculture par délégation". »

Bénédicte Legrand, exploitante agricole, à Boisseau dans le Loir-et-Cher, sur 98 ha cultivés en colza, blé, maïs et orge.

« J’ai repris l’exploitation de ma mère en 1998. Je travaillais alors comme secrétaire de direction et mon mari était déjà installé de son côté en Eure-et-Loir. Compte tenu de ma situation, la meilleure solution m’a semblé le recours au travail à façon. J’ai licencié mon salarié qui s’est fait embauché par l’entreprise de travaux agricoles à laquelle j’ai fait appel. C’est la même Eta qui s’occupe de mes terres depuis le début. L’entrepreneur était venu proposer ses services à mon mari alors qu’il était clair qu’il ne pourrait pas se charger des deux exploitations vu la distance qui les sépare. Je n’ai plus aucun matériel en propre. L’Eta prend pour moi les décisions d’assolement, de rotation, gère les itinéraires techniques dans leur intégralité, les achats et réceptions d’intrants, remplit mes déclarations Pac, commercialise mes récoltes. Nous sommes liés par un contrat de trois ans renouvelable qui détaille les missions déléguées et les aspects financiers. Sur ce dernier point, je perçois un revenu fixe deux fois par an auquel s’ajoute une part de variable sur les résultats de l’exploitation. L’Eta se verse une rémunération de son côté en fonction des gains obtenus. Les montants peuvent faire l’objet d’une renégociation.
J’ai deux fils. L’un se portera peut-être repreneur. D’ici là, ce fonctionnement me convient parfaitement. Il me fournit un bon revenu et me permet de conserver mon patrimoine.
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